Jusqu’au CP, en France, à moins de subir de sérieuses interdictions de vivre, l’enfant est un être innocent, pur, créatif, intuitif, spontané, joueur, possédant une énergie de vie épuisante, sa confiance en l’autre est sans faille, autant que son ressenti du danger qu’est parfois l’autre, et son humeur est changeante comme le vent. C’est un âge où on a encore à peu près le droit de vivre, d’être qui on est, dans l’état dans lequel on est, sans trop fâcher personne, en tout cas, en étant vite pardonné pour tout ce qui fâche.
Encore que certains politiques tentent régulièrement de mettre en place un dépistage des capacités intellectuelles dès l’âge de 3 ans. Evidemment. Nous vivons une société de cases rangées en pyramides, elles-mêmes rangées en pyramides plus grosses, etc. Chaque étage de cases répond à un nombre de règles auxquelles il faut se conformer et s’adapter. La case la plus haute d’une pyramide ne suit aucune des règles de sa pyramide mais reste assujettie à la pyramide au-dessus de la sienne. Et ainsi de suite, jusqu’à former la plus grande des pyramides, au sommet de laquelle de très rares individus n’ont plus à obéir à aucune règle qui viendrait d’au-dessus d’eux. Ils sont le top du top. La seule tranche d’âge que nous n’avons pas encore eu le culot d’emprisonner dans ces cases restent les 0 à 6 ans.
Jusqu’au CP, l’être humain est à peu près libre d’être qui il est.
Vient alors l’âge de raison, et dès lors, le processus toujours grandissant de loger chaque enfant dans une case de la société. Attention. La priorité ici n’est pas de trouver une place de la société pour l’être humain qu’elle a à accueillir. Non. C’est de faire entrer l’être humain dans le jeu des pyramide quelles que soient les conséquences sur sa liberté d’être.
Bien entendu, dès l’entrée en CP cette liberté est vouée à sa perte. Et c’est ce en quoi arrivé à l’âge d’un adulte, un être humain ça ne comprend rien. Rien à la vie. Rien aux priorités. Rien à l’amour. Et très certainement rien à rien de la liberté d’être.
Nous n’en n’avons jamais su autant sur la vraie vie, le véritable humain, tel que la nature l’a fait, que lorsque nous avions 6 ans. Tout ce que nous en savons adulte, c’est comment adapter ce que l’on est vraiment, le contorsionner, mentir, tromper, pour s’adapter et se faire accepter dans une case.
Cependant, l’Internet nous ouvre enfin une belle brèche de liberté d’être qui on est, avec bien des moyens pour sortir du système pyramidal, se déprogrammer le cerveau des vieilles croyances que nous avons eu à apprendre et entrer en synergie, en symbiose les uns avec les autres.
Dans ces sociétés nouvelles, celui qui en sait le plus long sur nous, c’est l’enfant. Les temps changent, la roue tourne, prenez-le comme vous pouvez et accepter : quelques petites leçons d’enfant ne feraient pas d’mal au adulte de leur temps que nous sommes.